Aedenais, Cité de Brume
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 Bidules et babioles - même Medea s'y met !

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Medea Blackmoore
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Medea Blackmoore


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MessageSujet: Bidules et babioles - même Medea s'y met !   Bidules et babioles - même Medea s'y met ! Icon_minitimeMar 30 Nov - 13:08

YOWEE !!

A l'heure où Elamros-chéri se lance dans les visions proleptiques, m'est venue l'idée que les début qu'on a faits avec Mariel sur le forum annexe pouvaient très bien être développés ici. Pour être franche, je sais pas du tout si ce qui sera posté ici sera homogène et c'est même très peu probable, notre moderatus mechantus étant plus apte que moi à ordonner ses textes en chroniques et ce depuis la nuit des temps.

Raison pour laquelle je ne commence pas avec un texte en lien direct avec notre histoire, mais que j'avais envie de publier quelque part. Et voilà !

A noter qu'il y a déjà quelques débilités ici : ma section de "spin-offs" sur le forum annexe. Sauf que là-bas y fait froid.

Ouverture sommaire mais y en a-t-il de bonnes ?
Bonne lecture à celui ou celle qui se penchera à l'avenir sur ce qui viendra peupler ce sujet. ^^


-:- + -:-

Jeremiah, 17;9


The heart is deceitful above all things, and desperately wicked.


Au début, j'étais dans une forêt.
Le bois des arbres était sombre, comme calciné. Le sol, de couleur indéfinie, était peut-être fait de terre, peut-être fait de cendre. Autour de moi, des troncs un peu difformes, des branches éparses, mais surtout la brume qui rendait tout vaporeux et froid, dans des tons entre le gris et le bleu. Et la solitude.
L'absence de son, aussi. Comme lorsqu'on marche dans un champ blanc quand tombe la neige, que nos cris sont étouffés par l'atmosphère cotonneuse. On est perdu, ou ça ne va pas tarder, et on ne le sait pas encore. On marche devant soi pour essayer de retrouver quelqu'un ou quelque chose, un signe noir dans l'immensité immaculée, quelque chose qui nous rappelle qu'on vit encore et que cette errance-là n'est pas sans but. Pourtant tout porte à croire que l'humanité est derrière soi, et qu'on avance vers le néant.

Dans cette forêt où il n'y avait que moi, je ressentais quelque chose. Quelque chose de mal défini, de menaçant comme tout ce qui reste obscur, et qui me regardait. J'aurais voulu avoir le courage de croire en mon vœu le plus cher, mais je n'y arrivais pas. Mon esprit restait bloqué avant que mes pensées n'y parviennent. Cette présence omniprésente ne bougeait pas d'un pouce.

J'ai appelé plusieurs fois dans le vide pour qu'elle se manifeste clairement, ou que quelqu'un vienne me sortir de là. J'étais si perdue que je n'osais même pas bouger, sinon pour regarder autour de moi, l'espoir le disputait à la peur. En hauteur, les branches disparaissaient dans le brouillard, comme si le ciel n'existait pas. C'est à partir de ce moment que mon souffle s'accéléra, comme si j'en manquais. La peur commençait doucement, perversement, à me tordre le ventre. Je me suis mise à marcher.

Évidemment je ne savais absolument pas où j'allais. Dans ma panique, j'ai oublié pendant un temps de bien regarder la forme des arbres pour tenter de me repérer. Quand j'ai réalisé mon erreur, je me suis retournée, mais trop vite : quelque chose a bougé sur le côté, un peu plus loin. J'ai aussitôt regardé dans cette direction mais bien sûr, j'avais beau scruter le moindre centimètre carré devant moi, il n'y avait rien. Cette absence m'a glacé le sang au point que j'en frissonne et que tous mes muscles se tendent.

Et puis, je ne sais pas pourquoi - c'est là tout le mystère des rêves -, en me retournant encore vers ma destination initiale je me suis retrouvée dans une pièce que je ne connaissais pas vraiment, mais que je me souvenais avoir déjà parcourue. Il y avait un salon avec une télé et son matériel, et dans un coin, un panier avec un chien endormi. L'intérieur était plus chaleureux que la forêt, où je n'étais d'ailleurs jamais allée et d'où je ne venais certainement pas selon ma mémoire; rien que la trace d'une vie que constituait ce chien me donnait une impression de confort et d'aise, la couleur du mobilier aussi. Cette maison n'était pas la mienne mais j'étais heureuse d'y être, je me savais la bienvenue bien que j'aie un peu peur de déranger en faisant ce qu'il ne fallait pas, comme toujours.

Il y avait un ordinateur portable sur le canapé. Il était ouvert sur une page internet que je n'eus pas le temps de détailler, parce qu'un bruit de porte de frigo a attiré mon attention. Je suis alors allée en direction de la cuisine, dans l'espoir de me rendre utile.
Mais dans la cuisine il n'y avait personne. J'ai regardé un peu partout, avec curiosité, j'ai essayé de voir sans rien toucher où étaient les verres, les couverts et le reste, histoire de prendre mes marques pour être un poids le moins possible. Je n'aime pas trop être une invitée, j'ai toujours un peu l'impression que les gens se sentent obligés de faire les choses à ma place parce que je ne connais rien de leur logis, et après tout c'est normal : les invités sont là pour se faire servir en général. Mais je n'aime pas ça, et je me sens toujours mal quand je reste les bras croisés en attendant que ça vienne.

Je me dis que quitte à savoir où sont les choses dans cette maison, autant aller voir un peu dans les couloirs et les autres pièces. Je passe en revue ce qui se cache derrière les portes qui ne sont pas fermées, et j'arrive finalement à l'escalier qui monte à l'étage sans avoir croisé personne. Peut-être qu'il y aura quelqu'un en haut ?

Je gravis les marches et j'arrive sur le pallier où d'autres portes m'accueillent. Encore une fois le rêve m'impose un changement et dehors c'est le soir, je le vois à la pénombre et aux dernières flammes solaires qui s'étirent à l'horizon, dont les couleurs me parviennent par une fenêtre située dans une pièce un peu plus loin où la porte n'est pas fermée. Je sens une présence à cet endroit, le bout de mes doigts fourmille comme si j'avais été découverte tout pendant que je fouinais.
Je m'avance vers la lumière et j'arrive au seuil de cette porte. Prudente, je n'entre pas avant de jeter un œil, je ne veux gêner personne.
La pièce est une chambre aux dimensions qui ne concordent pas avec sa position dans la maison, mais ça n'a pas l'air de m'étonner. Ce que je remarque surtout, c'est un ordinateur sur un bureau, il est allumé mais je ne prête pas attention à ce qu'il affiche, un petit plateau posé sur sa gauche avec un verre de coca plein, un lit contre le mur juste à côté, une fille assise dessus en train de siroter un autre verre de coca.

Je sens comme un serrement dans ma poitrine, je suis déçue. Ce n'est pas elle que je m'attendais à voir. En fait, j'ai l'impression qu'elle n'aurait pas dû être là.
Elle lève les yeux vers moi et me sourit. Sans rien montrer de mon état, je lui souris aussi en lui demandant :

« Il est pas là R. ? »

Sur un ton très aimable et plutôt gai elle me répond :

« Non il est sorti, mais il revient dans pas longtemps. »

Je ne laisse toujours rien transparaître, mais quelque chose vient de se briser en moi. Je regarde cette fille, si jolie, si paisible, assise sur ce lit que je sais n'être pas le sien, et je me sens envahie d'une tristesse sans nom à laquelle je refuse catégoriquement de penser dans l'instant : il est hors de question que je perde la face devant elle.
Mais après tout qui suis-je ?
Je ne la connais certes pas mais elle est là, dans cette chambre, avec ce verre et cet air heureux que je déteste. Je la déteste, elle. Elle ne m'a rien fait et je ne peux rien lui dire, parce qu'elle semble à sa place là où je ne le suis pas. Je n'ai même pas mis un pied dans la chambre que je sais déjà que je vais repartir de cette maison.

« Tu veux l'attendre là ? » Me demande-t-elle gentiment.

Je la regarde et avec un sourire plein d'entrain je décline l'invitation :

« Nan, c'est pas grave, j'repasserai. »

Elle rit un peu comme je lui ai souri en me disant « A tout à l'heure », et je lui rends son salut avant de descendre les escaliers pour rejoindre le salon.
Le chien n'est plus là. L'atmosphère douillette où je me sentais presque à ma place a disparu au profit d'un immense vide. Tout est gris, tout est terne. Tout me dit que je ne devrais pas être là, et que je ne reviendrai probablement pas de sitôt, parce que si cette fille est présente, c'est qu'on n'a pas besoin de moi ici. Le soir ne luit plus vraiment, ses couleurs sont devenues un pâle dégradé de blanc et de bleu nuit sans expression.
Lorsque je sors de la maison j'ai la tête basse, je me dis que si je vais tout droit je finirai bien par sortir de cette forêt lugubre où rien ne veut de moi. Le rêve a emporté la maison et seul reste un nom qui sonne comme un châtiment. Je suis de nouveau seule. Je suis de nouveau perdue. Je suis de nouveau prisonnière des arbres brûlés et du sol de cendres.

Alors que la brume s'immisce en moi et me dévore finalement, la morsure du mal qui me ronge grimpe dans ma gorge où se forme une boule. Et cette même brume prend mes yeux pour les noyer dans le regret, rongeant mes entrailles comme mille fourmis, brisant mon cœur comme un miroir triste. Souris, le monde entier sourira avec toi...

Pleure. Tu seras la seule à pleurer.

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MessageSujet: Re: Bidules et babioles - même Medea s'y met !   Bidules et babioles - même Medea s'y met ! Icon_minitimeSam 4 Déc - 3:25



-:- + -:-

Spleen



J'allume une sèche dans une pièce sombre où flotte encore son parfum.
Un néon faible tourné contre le mur donne à l'horreur de cet espace aseptisé et vide une réalité qui me dépasse. Le lit est encore chaud là où je passe ma main, les draps ont gardé la mesure de ses courbes et le bout de mes doigts fourmille dans un frisson atroce. La persistance. Quelque chose qui tend vers moi comme pour me toucher à travers une paroi de verre. La lumière fut.
Au dehors la ville se meut sans prendre gare à nos échos. Les cœurs sont tristes mais les réverbères et les feux des voitures illuminent la nuit comme les lucioles près de la tombe d'Ophelia. Elles ont volé les ténèbres aux étoiles, le ciel a fermé les yeux sur moi. Le monde à l'envers.

Les miens sont vides et je contemple ce qui n'existe plus. J'aimerais que l'arôme âcre du tabac chasse son souvenir mais ce n'est pas la chambre qui en est imprégnée, c'est moi. Je le sens comme la violence d'une fragrance trop vive, au moment où je m'essuie le nez comme un gosse. Les yeux rivés sur l'oreiller marqué par son absence.

Je n'ai plus de cigarette dans les mains. C'était vain. J'entends un tintement comme à travers le coma. La porte est celle d'un ascenseur et elle s'ouvre quand je lève les yeux vers la source du trouble. Elle m'attend.
Je me lève et le pas d'un revenant me mène à l'intérieur du réduit. L'espace se clôt une fois mon corps englouti dans sa lumière diffuse. Je trouve une note posée par terre. Je me penche, la saisis, les caractères disparaissent et c'est comme s'ils n'avaient jamais existé. Pourtant, à l'instant où le papier se froisse au toucher, je connais la missive par cœur, relique d'un passé gravé quelque part dans ma mémoire. Le voyage se termine et mon regard se tourne vers l'extérieur : le toit de l'hôpital s'ouvre à moi et au bout de cette terrasse improbable où étincellent la lune et ses myriades de larmes, le monde est calme, en ordre; il y a sa silhouette allongée de côté, dos à moi. Je me souviens de cette robe qu'elle portait un autre soir, de ses cheveux courts trempés par la pluie qui ne tombera plus jamais sur sa peau.

Elle m'entend approcher, je le sais. Je ne cherche pas à la surprendre. Son murmure vient me cueillir alors que je m'arrête à quelques mètres d'elle.

« J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. »

Je contemple l'horizon d'une obscurité saisissante. Ma précédente vision dont je n'ai aucune notion s'est renversée; la terre n'existe plus, le ciel est sans fin et nous veille en silence.

« Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans,
De vers, de billets doux, de procès, de romances,
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances...
- Cache moins de secrets que mon triste cerveau. »

Elle sourit au gouffre, tendant une main vers lui.

« C'est une pyramide, un immense caveau,
Qui contient plus de morts que la fosse commune. »

Elle tourne son visage vers moi, je le couve du regard et son sourire me blesse. Ma réponse prend le ton du regret, incisif et troublé par la trop grande beauté de ce reflet trop vrai.

« - Je suis un cimetière abhorré de la lune,
Où comme des remords se traînent de longs vers
Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. »

Ses iris vert d'eau s'attristent de mes reproches, ses traits expriment le pardon de son innocence, elle croyait que le temps achevant son ouvrage m'avait rendu stoïque...

« Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées,
Où gît tout un fouillis de modes surannées,
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher,
Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché. »

Je le sais. Je le sais si bien. La vie est un poids pour elle, elle l'épuise et l'écrase. Elle a fait tant d'efforts pour tenir jusque là... C'est à moi que j'en veux de l'avoir trop retenue, bien avant que l'amertume lovée en son sein ne la déchire lentement, avec une patience et une cruauté sans nom. Je me dois de céder.

« Rien n'égale en longueur les boiteuses journées,
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années
L'ennui, fruit de la morne incuriosité,
Prend les proportions de l'immortalité. »

Sa main se tend vers moi et son sourire renaît. Son sourire d'amante, son sourire de mère, son souvenir de femme – la plus belle, la plus forte que j'aie connue dans toute ma piètre vie. L'amnésie, crois-tu, mon ange ? Crois-tu que je pourrai jamais oublier cet air-là ? Celui qui se jouait quand tu pleurais dans mes bras...

« - Désormais tu n'es plus, ô matière vivante !
Qu'un granit entouré d'une vague épouvante,
Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux ;
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux,
Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche
Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche. »

Elle voit en moi comme dans un miroir.
Je m'approche encore, saisis sa main et m'assois sur la chaise à côté de son lit.
Nous sommes dans le service des soins palliatifs, chambre 314. Un ange passe alors que sa sérénité m'envahit par sa simple volonté. Elle m'apaise sans mots, m'invite à la suivre dans l'acceptation de la fin. Si le soleil lui livre un adieu pudique, elle-même est animée d'une lumière immense. Je le sens sur sa peau, je le vois dans ses yeux. Je le lis sur ses lèvres.

« J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans », soufflons-nous d'une même voix.

La voix de son époux dont elle voulait faire mon frère me ramène hors d'elle, je regarde vers la sortie : il est là, debout, me fixe comme pour me signifier que c'est l'heure. Il ne l'articule pas mais mon prénom résonne encore.

C'est alors que je me réveille en sursaut. Mon mouvement brusque bouscule un verre qui éclate par terre dans un fracas mesquin et douloureux, mais j'y prête moins attention qu'à la main qui sert la mienne.

« Kyllerno. C'est moi. »

Je lève les yeux vers les traits confus de la louve qui m'apparaissent en double, en triple, à contre-jour dans l'air moite de ma cuisine. Elle non plus n'a pas la tête à s'offusquer d'un verre brisé.

« Hazna ? »

Son autre main se pose sur mon épaule, tellement chaude comparée à celle du rêve...

« Je t'ai fait couler un bain. Il faut que tu sois prêt pour l'enterrement. »

Je n'y pensais plus.
Mon fantôme m'avait donné, le temps d'une nuit peut-être, la possibilité de ne plus ressasser les images du sang, de la peur, des larmes et des prières perdues d'une enfant. Elle avait essayé de me donner un peu d'elle. Mais je ne pouvais pas fermer les yeux pour toujours, pas aujourd'hui.

Je me lève doucement, peu enclin à exposer davantage combien je suis minable, elle m'aide à ne pas m'effondrer comme une loque avant d'arriver à la sale de bains où sans pudeur surfaite elle m'aide à me dévêtir pour me défaire du poids de la terre et du mal qu'elle nous fait.
Aujourd'hui j'enterre mon enfant. Il faut que je sauve les apparences.
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